Aujourd’hui j’ai appris qu’il était intello d’aimer (prétendre aimer ?) le fenouil
C’est L qui nous a alertés sur le sujet, péremptoire comme savent l’être les adolescents : nous ne prétendions aimer le fenouil et quelques autres légumes que pour faire intello, alors qu’il est totalement impossible d’apprécier des trucs aussi détestables. Nous l’avons pris à la plaisanterie mais il y avait de l’agressivité dans l’air. Au fond, je suis - nous étions je crois, nous les adultes- d’accord avec elle : oui, les goûts sont culturels. Mais d’une part cela ne les empêche pas d’être sincères et d’autre part il est tout aussi culturel d’affirmer qu’il s’agit là de légumes intrinsèquement détestables. Ecoutant L, la regardant se débattre, je ne pouvais m’empêcher d’être émue par cette nécessité, en elle, parce qu’elle a 16 ans, d’attaquer les adultes avec des mots. Ni d’aimer en elle la L de toujours, juste là, sous la surface – ainsi que la L qui se constitue sous nos yeux.