Aujourd'hui j'ai terminé "Jours de marché", de François Garcia
C'est mon amie E, libraire à Lyon, qui a choisi ce roman pour moi, jolie trouvaille. J'ai pris un très grand plaisir à me balader autour des halles des Capucins dans la première moitié du XXème siècle, à rentrer chez quelques familles de la communauté espagnole, à découvrir une vie de quartier intense. L'écriture de François Garcia est fluide, rapide et surtout très évocatrice. Le lisant, j'ai retrouvé à la fois un vocabulaire quasi oublié (un ramponneau ! des années que je n'avais entendu ou lu ce mot !), et des manières de vivre et de penser qui m'ont beaucoup rappelé mon enfance, ni bordelaise ni espagnole pourtant. Les relations familiales, le regard des hommes sur les femmes, le rapport au travail... Avant la fermeture, je suis allée fureter chez Mollat, j'ai feuilleté des livres racontant Bordeaux, me suis penchée sur des photos. Bordeaux pendant la guerre de 14-18, pendant l'Occupation... Les photos sont venues s'ajouter aux images que je m'étais constituées à partir des évocations du roman. Alors en revenant par les quais, j'ai vu le pont de pierre d'aujourd'hui et celui des années noires, comme superposés. J'ai ressenti très fort que nous, les passants de ce 16 septembre 2008 ensoleillé, nous n'étions pas seuls, juchés sur les strates innombrables du passé, évoluant dans les traces de celles et ceux qui ont habité ces lieux avant nous.