Je commençais à me sentir un peu
oppressée par la visite de quelques uns des services les plus lourds de ce CHU
quand la personne qui me guidait a provoqué l’ouverture d’une grande porte par
l’application de sa main sur un boîtier noir. A l’intérieur d’une salle claire
et agréable reposaient deux énormes caissons pour l’oxygénothérapie hyperbare,
formant un L. Celui qui m’a paru le plus grand s’appelait Nautilus, le petit
nom du deuxième était Odyssée. Jamais je n’aurais imaginé des choses pareilles,
et d’ailleurs j’ignorais tout de la médecine hyperbare avant cette après-midi.
Cela ressemblait à de très vastes cuves, ou bien aux chaudières industrielles
fabriquées dans une entreprise de lot-et-garonne. Un aimable infirmier nous a
expliqué l’intérêt et les procédures. Il nous a remis une brochure. On y voit la
photo de l’intérieur du Nautilus occupé par quelques patients, assis ou
allongés, habillés de blouses évoquant le coiffeur et munis de masques en
caoutchouc que prolongent de drôles de trompes. Un soignant les accompagne,
debout (il occupe ainsi un peu plus de la moitié de la hauteur). Il pourrait s’agir
de scaphandriers à l’ancienne, ou bien de cosmonautes. L’image m’a laissé une
profonde impression d’étrangeté et a retenti sur mon expérience récente.
Lorsque nous nous faisons soigner, qui sommes-nous, qui devenons-nous ?