Mes proches ont été présents lorsque ma mère allait si mal
et mourait. J’ai reçu de la part des lecteurs de ce blog quelques signes
délicats qui m’ont beaucoup touchée. Mais ce midi lorsque j’ouvre la boîte aux
lettres je trouve une carte sous enveloppe, venant du siège social de mon
entreprise, et je crois qu’il s’agit des vœux. Je comprends ma méprise en
découvrant une carte de condoléances, et déjà je ne me sens plus très bien. J’avais
réussi à prendre un peu de distance, ce que j’appréciais, et voici mes efforts
soudain effacés. Je lis les messages, dans l’ensemble sobres. V a écrit quelque
chose qui m’agace, tendance new age. Le dernier mot vient de C et il me met
dans une telle fureur que je rejette violemment la carte et éclate en sanglots.
Un long moment je sens la colère qui m’habite me submerger.
C ne sait rien de mon enfance, rien de cette famille, rien des émotions qui m’agitent,
rien de la réalité de ce qui s’est passé, et elle se permet ces phrases sentencieuses
et bien pensantes, mais comment ose-t-elle ? Tremblante, je m’assieds, je
répète : de quel droit, de quel droit ? Je téléphone à un ami, il n’est
pas disponible mais me rappelle un peu plus tard. Je ne lui raconte rien. Même si nous
échangeons des banalités, simplement l’entendre m’apaise, parce que lui sait tout
de moi.
Difficile de percer les émotions des autres, de ne pas tomber dans une banalité que l'on croit apaisante, ne rien dire n'est pas si facile non plus. Les sociétés entièrement ritualisées sont plus faciles à gérer dans ces cas là, tout est prévu, il suffit de ne pas s'écarter des protocoles, de ne rien se permettre comme pensées personnelles...
Aujourd'hui
Chaque jour, quelques lignes sur un élément de ma journée, accompagnées d'une photo