Je me dis ce matin : Allons donc explorer le quartier
Outremont, de l’autre côté de la montagne (le Mont Royal). Hop. Métro, un bout
de chemin avec un couple sympa qui me voyait égarée, un moment dans un parc
charmant à goûter la chaleur, une balade au milieu de magnifiques demeures
entourées de jardins itou. Le lilas est omniprésent. Soudain je croise un homme
en chemise blanche et costume noir qui marche d’un pas pressé, un étui à violon
dans le dos. Une femme fait rouler ce qui ne peut être qu’une contrebasse… Où
vont-ils donc ? Grande activité autour de cette église –orthodoxe à bien y
regarder. Je pose des questions, on me conseille de descendre l’escalier qui
mène à une grande salle sous l’église. Une trentaine de personnes surexcitées y
parlent russe. Oui, il va y avoir un concert, par l’Orchestre Philharmonique
Mundi de Montréal. Est-ce que je veux un billet ? Je veux. Je suis cordialement invitée au déjeuner qui précède. 3 minutes
après, je suis attablée à côté de deux vieux messieurs qui mangent de la soupe,
au milieu d’un sacré brouhaha. Ils ne pratiquent que le russe, et mes trois phrases
de polonais font leur petit effet. Une dame m’entreprend en français. Elle est Suisse,
d’origine russe, et vit à Montréal depuis 9 ans. Nous bavardons, je la fais
rire : vous êtes bien la seule touriste ici ! Le concert va débuter,
une femme s’installe à côté de moi. Son mari (alto) et sa fille (violon) jouent.
Elle s’appelle Louise et je la trouve très sympathique. Je me dis que si
j’habitais Montréal moi aussi, sans doute nous deviendrions copines. Nous
plaisantons sur le programme, que nous trouvons toutes les deux un peu …
lourd ? Mais un orchestre, ça emporte, et je prends un grand plaisir à
être là, avec l’illusion fugitive de « faire partie de ». A la fin du
concert, le pope bénit l’assistance et, avec quelques autres, entonne un très
beau chant russe. Je ne comprends pas les paroles, mais je comprends le chant.