Au commencement il y a eu le petit-déjeuner dans l’invraisemblable
hôtel d’une nuit. La tenancière, hum pardon la propriétaire de l’établissement
avait disparu, avantageusement remplacée par un débonnaire moustachu. J’ai bu
un thé au milieu des forains : un marché s’était en effet installé au
petit matin sur les contre-allées face à l’hôtel. De solides gaillards porteurs
de froid poussaient la porte, s’interpellaient, plaisantaient, buvaient un café
et repartaient. Une ambiance plutôt drôle et sympathique. Puis mon rendez-vous
du matin a déclaré forfait, si bien que j’ai passé un long moment dans un joli
café du centre de La Flèche à la décoration inattendue : banquettes
rouges, murs couverts des portraits de vedettes du cinéma des années 40-50. A côté
de moi une jeune mère partageait un chocolat chaud avec sa
fille, dont le sourire hardi contrastait avec le sage manteau à double boutonnage. Plus tard j’ai roulé jusqu’à une banlieue du Mans et au pied des barres HLM,
je suis rentrée dans un morne bar PMU –murs oranges, chaises vertes- où j’ai
mangé un sandwich. Dans ce même café, David Le Breton et moi versions jeunes prenions
vite un café brûlant avant d’aller à la rencontre de nos étudiants. J’ai eu l’impression
de faire un petit signe à David et de croiser ses yeux attentifs et son sourire
chaleureux. Justement, je me rendais là où, alors, nous allions ensemble.