Il ne s’agissait pas d’un vrai choix de ma part. Je voulais juste
aller au cinéma en fin de journée, et rien ne me tentait vraiment. Le
commentaire du magazine de l’Utopia m’a rendue vaguement curieuse alors j’ai
opté pour Stella, sans vraie conviction. Or j’ai beaucoup aimé. On pourra
trouver la reconstitution de l’époque, en particulier au travers des vêtements,
un peu trop minutieuse ; et personnellement je me serais très volontiers
passée de la voix off. Mais quelle justesse dans le ton, quelle belle manière
de filmer, avec une prédilection pour les scènes de groupes, qui sont d’un
naturel et d’une opacité troublants. Stella, 11 ans, avance comme elle peut au
milieu de codes que tantôt elle ne comprend pas, tantôt elle comprend trop bien,
entourée d’adultes sur lesquels il n’y a guère d’illusion à se faire. Le temps
est long, c’est plein d’ennui de sortir de l’enfance, cela s’étire, et elle est
seule. Tant de creux, tant de vides. Forte d’une amie à présent, elle avance,
cela n’a rien de glorieux, ni grandes phrases ni révélation. Le monde est âpre
et rugueux, dans son lycée parisien comme chez une grand-mère en Picardie. Pourtant,
avancer.