Aujourd’hui j’ai insisté
Depuis quelques jours je lis Le jour des morts, du néerlandais Cees Nooteboom, une lecture pour moi forcément lente car le texte s’aventure sur des territoires qui me touchent énormément. Ce roman, je l’ai emprunté à la merveilleuse bibliothèque municipale de Bordeaux, où me voici. Je dépose confiante ma pile d’ouvrages, cd, dvd… sur le comptoir, en précisant à la jeune employée que je vais prolonger l'emprunt du roman de CN. Tout se passe normalement jusqu’à ce que le fameux livre se trouve entre les mains de la bibliothécaire « Le délai pour le retour c’était hier, vous avez 1 jour de retard, je ne peux pas le prolonger » - « Et bien je le réemprunte de suite » - « Non, ce n’est pas possible. Eventuellement, si dans 1 heure, quand on le remettra en rayon, vous le trouvez… et puis non, au fait, ce n’est pas autorisé » - « Alors je ne le rends pas, j’aurai du retard tant pis » - « Trop tard, je l’ai enregistré ». Et pour mieux signifier la séparation qu’elle entend m’infliger, la jeune fille enlève la carte que j'utilisais comme marque page et me la tend. Je vois « mon » livre là bas, de l’autre côté d’une barrière infranchissable. Je plaide : « Mademoiselle, ce texte est génial, je suis en train de le lire, ce serait affreux de ne pas poursuivre, vous comprenez ? ». Visage de marbre face à moi « Je n’y peux rien c’est informatique ». A fleur de peau comme je suis en ce moment, j’en pleurerais. Alors je reste absolument immobile et doucement je dis « Je n’envisage pas de le laisser là ». Interdite, la bibliothécaire me regarde et constate que je suis sérieuse. Aussi part-elle chercher sa chef. Une lectrice, je le vois de suite, qui comprend très bien la situation. 30 secondes plus tard je repars avec le précieux volume serré contre moi. J’ai l’impression d’avoir échappé à un grand péril.