Je n’étais pas allée au jardin botanique depuis longtemps,
et je me réjouissais d’y retrouver les magnifiques mimosas qui m’avaient
enchantée l’an dernier. Tous sauf un avaient disparu. J’ai lentement cheminé
parmi les plantations, dans l’intention de m’installer sur un banc au soleil
pour bouquiner. Le quartier tout entier était comme englué dans les hurlements
de la fête foraine qui balançait ses clients en tous sens de l’autre côté du
fleuve. Qu’à cela ne tienne, je me suis assise, et plongée dans Thomas Pynchon.
Au bout d’un moment une dame bien mise s’est posée à l’autre extrémité du banc,
bientôt rejointe par une autre. A la première occasion elles ont entrepris de
se plaindre des jeunes, des enfants, des chiens, bref, de tout ce qui bouge.
Les laissant à leurs ruminations j’ai traversé la rue pour rejoindre le Parc
aux angéliques, où j’ai croisé quantité de jeunes, d’enfants et de chiens,
c’était réconfortant. Les ragondins, toujours absents, avaient été remplacés par
quelques canards. Devoir porter sur le bras un manteau inutile -il faisait bien trop chaud- m'a soudain agacée et rentrer m’est apparu impératif. Quelque chose
clochait dans cette journée, et j'ai renoncé. Il y aurait d'autres jours.