Aujourd’hui j’ai couru sous la pluie
Il n’y avait, me semble-t-il, aucune raison de s’embarrasser d’un parapluie. Quand j’ai poussé la porte cochère de l’immeuble après mon rendez-vous, j’ai crié de surprise. La pluie tombait serrée et drue, de grosses gouttes jetées par un ciel presque noir. J’ai hésité un moment, retenant la porte du bout du pied, étudiant la situation. Mais tout cela pouvait s’éterniser. J’ai couvert ma tête de l’écharpe, et hop. Beaucoup s’étaient montrés plus prévoyants que moi : jaune, vert, rouge, noir, fleurissaient les corolles des parapluies. Quelques personnes marchaient vite, épaules rentrées ; sur leurs vêtements se dessinaient de larges pois. Plus loin aux arrêts de tram, les usagers transis resserrés sous l’abri. J’ai couru d’une île à l’autre sur les trottoirs inondés, j’aimais bien. Chance, le tram arrivait ; j’étais trempée.