Ecrivant cela, j’ai en tête quelques images du film qui a
été tiré du roman La moustache (Emmanuel Carrère). Ce moment où le personnage
principal emprunte obstinément un bac, aller, retour, et de nouveau aller... Ici, on dit « traversier »,
ou « traverse », de jolis mots je trouve. Pour avoir une belle vue de
Québec, avais-je dit à A tandis que nous marchions au bord du fleuve, rien de
tel que de prendre le traversier pour Lévis. On y va ? m’a-t-elle proposé.
Alors, le petit cérémonial de l’achat des billets; de la (courte) attente dans
une salle impeccable, toutes baies vitrées sur le port; du croisement des
entrants et des sortants une fois le bac arrimé, les voitures effectuant leur propre
ballet à l’étage inférieur. Je repensais à tous les traversiers sur lesquels
nous avions embarqué, M et moi, lors d’un voyage au Nouveau-Brunswick. Puis le
lent départ, le quai qui s’éloigne comme à regret, le glissement dans le bleu
du Saint Laurent. La ville se fait moins présente. Nous sommes, à plus d’un
titre, entre deux rives.