Aujourd'hui j'ai plongé
Depuis des mois E me bassine avec un roman qu'elle a adoré et dont elle a mis longtemps à se remettre, D'autres vies que la mienne d'Emmanuel Carrère. Depuis des mois je fais la sourde oreille et refuse d'envisager de le feuilleter. Tu sais que la littérature française, moi, gna gna... De cet auteur j'ai adoré La classe de neige, mais L'adversaire m'a déçue (malgré de premières pages éblouissantes), sans doute parce que je ne partage aucunement la fascination de l'auteur pour l'assassin dont il est question. J'ai lu Un roman russe en bougonnant sans arrêt, répétant : mais quel con ce mec, ah il est odieux. C'est drôlement bien, insiste E. Oui, je reconnais que c'est drôlement bien, même si je ne supporterais pas l'homme cinq minutes. Alors j'ai fini, chez Mollat, par ouvrir le roman, presque en cachette, avec le double sentiment de me dédire et de commettre une indiscrétion. Et j'ai été happée. J'ai reposé le livre sur le présentoire et appelé ma copine : qu'elle veuille bien m'en mette un exemplaire de côté pour mon prochain passage à Lyon. Une reddition. C'était avant-hier. Ce soir avant de dîner j'ai tourné autour du livre blanc. J'allais plutôt lire d'abord Eugène Green (La reconstruction), Mariusz Szczygiel (Gotland) ou Anne Enright (Retrouvailles), mes autres achats dans la librairie d'E. Curieusement, D'autres vies... est revenu en haut de la pile. Et j'ai plongé.