A 11h j’étais dans la salle d’attente du CHU, qui ne me
semblait pas trop pleine, mais je ne suis passée qu’à 13h15. Heureusement, j’étais
captivée par le très beau roman Les fantômes de Sénomagus, de Brigitte Allègre,
et je ne m’impatientais pas. Puis j’étais face au chirurgien, je redoutais un
peu ce moment, crainte de perdre mon self-control tant l’insuccès de
cette intervention me préoccupe. Mais il m’écoutait, il m’écoutait prononcer
les mots que je désirais lui dire, et ce n’était sans doute pas agréable à
entendre. Je regrette chaque jour d’avoir l’automne dernier décidé de cette
opération, j’ai plus de problèmes de marche aujourd’hui qu’hier, je n’ai plus
aucune confiance en la chirurgie (pas seulement en lui). Il s’est passé quelque
chose alors tandis que nous nous regardions, quelque chose de doux
malgré ma détermination et l’ampleur de ma déception et de mes doutes. Il a
argumenté calmement : je ne me souvenais pas de l’état de ma hanche alors,
tout de même il y avait du mieux, et il me fallait être patiente. Il avait sûrement
en partie raison. Je ne lui ai pas dit que je ne regardais plus mon corps de la
même manière, qu’il était devenu un étranger menaçant. Je ne lui ai pas dit non
plus que j’avais peur. En sortant, j’ai décidé que c’était terminé, je ne
parlerais plus de cette question là, à personne. Si ça se trouve, je l’oublierai
moi-même.