Aujourd'hui, je me suis amusée des mots
Ma collègue vendéenne, avec qui je passe la soirée, me demande tout à coup : « Tu fais ça juste pour garouiller ? ». Son œil est malicieux, elle sait bien que je ne comprends pas ce mot, et sait aussi que j’adore les termes et expressions sortis des armoires grands-paternelles. La même I m’avait un jour recommandé « Ne te mets pas la rate au court-bouillon ». Quelle trouvaille ! Garouiller, ça me plait bien, pour « passer le temps ». Par simple homophonie je pense à « dérouiller », une perspective plutôt sombre. Quand j’étais petite, on disait par exemple « Il a reçu une sacrée dérouillée », qui pouvait devenir « une de ces trempes !». Dans un registre plus plaisant, ma mère, questionnée sur les quantités de tel ou tel ingrédient à utiliser dans une recette répondait « Je ne sais pas, je fais à lure lure ». Où se sont-ils envolés, tous ces mots qui fondaient sous la langue ou croquaient sous la dent ? Dans quel paradis des mots ? La langue continue de s’inventer, pour le plus grand plaisir des oreilles. Mais j’aimerais bien les garder tous, ces drôles de mots d’hier et d’aujourd’hui, jolis cailloux brillants comme des diamants.