Aujourd’hui j’ai souri à Giovanni
Je ne connaissais pas ce lieu au nom caressant. Lorsque je me suis avancée, suivie par quelques paires d’yeux curieux (quoi, une femme seule ?) des couples et des groupes mangeaient une assiette de charcuterie en bavardant. C’était gai, avec ces murs jaune et orange, ces petits lampions, et les photos des musiciens qui se sont produits ici. J’étais surprise que Giovanni Mirabassi joue dans une salle aussi petite. Je me suis retournée et je l’ai vu qui se faufilait entre les convives; il m’a à peine dérangée, mais a murmuré « excusez-moi » et m’a adressé un sourire charmeur. Je lui ai répondu avec un grand naturel -la fille qui fréquente tous les jours de beaux pianistes surdoués. N’oubliant pas de me redresser imperceptiblement et de faire frissonner les vagues de ma robe sur mes jambes. Voilà, ils étaient trois sur cette scène minuscule ; des doigts se sont posés sur des touches, sur des cordes, se sont emparés de baguettes. Des regards malicieux ont été échangés : ces trois là s’amusaient drôlement bien. Très vite, ils nous ont emmenés avec eux. Les morceaux connus se déployaient dans des espaces insoupçonnés. Lorsqu’ils ont joué un interminable et déchirant Alfonsina y el mar, j’ai eu envie de rester toujours blottie au creux des notes.